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#LaPubliDuLundi

Enfin un peu de recul clinique !

Pulpotomie partielle vs totale : les résultats à 5 ans dans les pulpites sévères

C’est une première dans la littérature ! Une équipe indienne (Ramani & Sangwan, IEJ 2025) publie les résultats à 5 ans d’un essai clinique randomisé comparant pulpotomie partielle (PP) et pulpotomie totale (PT) chez l’adulte présentant une pulpite symptomatique irréversible.

👉 À 1 an, les taux de succès étaient proches de 97 %.
👉 À 5 ans, le succès global reste élevé et comparable entre les deux techniques : 78,6 % pour la PT et 87,1 % pour la PP.
👉 Ces chiffres sont du même ordre que ceux rapportés pour la pulpectomie conventionnelle, confirmant la pulpotomie comme une alternative définitive crédible chez l’adulte.

⚖️ Pulpotomie partielle vs totale : avantages et difficultés

✅ Avantages de la pulpotomie partielle

  • Conservation maximale de la pulpe radiculaire : la PP retire seulement 2–3 mm de pulpe, ce qui permet de préserver davantage de tissu vital et donc un potentiel de cicatrisation supérieur.
  • Meilleures réponses aux tests pulpaires : dans l’étude de Ramani & Sangwan (2025), la PP a montré davantage de réponses positives aux tests électriques et thermiques. Il est donc plus facile d’évaluer la préservation pulpaire.
  • Moins d’oblitération canalaire  : phénomène moins fréquent que dans la PT, ce qui facilite un éventuel traitement endodontique si nécessaire.
  • Approche plus conservatrice : elle s’inscrit pleinement dans la philosophie de la dentisterie minimalement invasive.

⚠️ Difficultés de la pulpotomie partielle

  • Contrôle du saignement plus délicat : la PP expose un tissu pulpaire plus vascularisé, ce qui peut compliquer l’hémostase rapide et stable.
  • Risque de tissu inflammatoire résiduel : retirer seulement la partie superficielle impose une évaluation clinique fine ; si la profondeur de l’inflammation est sous-estimée, le risque d’échec augmente.
  • Courbe d’apprentissage plus exigeante : la PP demande plus de rigueur technique, notamment pour juger du niveau d’excavation et de la vitalité du tissu restant.
  • Moins de recul clinique : la majorité des études historiques concernent la PT ; la PP, bien que prometteuse, dispose encore d’un corpus scientifique plus restreint à long terme.

🔎 Origine des échecs

À 5 ans, les échecs n’étaient pas liés à une résorption radiculaire ou à une pathologie apicale sévère, mais principalement à des défauts coronaires. Deux facteurs se détachent :

  • Les caries secondaires : lorsque l’étanchéité de la restauration est compromise, les micro-infiltrations permettent la réactivation bactérienne, conduisant à une reprise de l’inflammation pulpaire ou à une infection secondaire. La carie reste donc un facteur majeur de récidive.
  • Les fractures coronaires : souvent liées à des restaurations fragiles ou étendues, elles exposent la pulpe ou créent des voies de fuite bactériennes. L’étude souligne que certaines fractures mineures, bien reprises, n’ont pas entraîné d’échec ; en revanche, les fractures plus importantes étaient associées à des signes cliniques et radiographiques d’échec.

Ces résultats rappellent une évidence clinique : le succès de la pulpotomie dépend autant de la biologie que de la qualité du scellement coronaire. Un matériau bioactif performant ne suffit pas sans une restauration étanche, durable et mécaniquement résistante. L’étanchéité coronaire apparaît ainsi comme le déterminant majeur de la survie à long terme, rejoignant les conclusions déjà établies pour la pulpectomie.


🧬 Réponse biologique : pont dentinaire & PCO

Au suivi à 5 ans, la majorité des dents traitées ont montré la formation d’une barrière de tissu dur (pont dentinaire) à l’interface entre le matériau bioactif et la pulpe, confirmant la capacité de cicatrisation de la pulpe même dans un contexte de pulpite sévère. Ce processus traduit une réorganisation cellulaire, avec différenciation des cellules pulpaires en odontoblastes-like capables de déposer une dentine réactionnelle.

Parallèlement, une oblitération canalaire progressive (PCO) a été observée, plus fréquente après une pulpotomie totale. Cette calcification canalaire est interprétée comme une réponse de défense et de stabilisation pulpaire, traduisant un métabolisme actif et une vitalité conservée. Toutefois, si elle confirme le succès biologique du traitement, elle peut parfois compliquer un éventuel traitement endodontique ultérieur.

Ces observations confirment le rôle des matériaux à base de silicate de calcium (type MTA, Biodentine, etc.), dont l’action bioactive stimule la libération de facteurs de croissance, favorise la minéralisation et protège durablement la pulpe résiduelle.


✅ Conclusion

La pulpotomie (partielle ou totale) démontre des résultats comparables et durables à 5 ans, faisant jeu égal avec la pulpectomie.
👉 La pulpotomie partielle pourrait être privilégiée, car plus conservatrice, avec moins de PCO et de meilleures réponses aux tests de sensibilité. Mais elle est plus difficile à maitriser en clinique.
👉 Quelque soit la technique employée, le succès repose avant tout sur la qualité de l’étanchéité coronaire. On bichonne donc la restauration coronaire définitive !!

Bonne semaine à tous