
Focus cette semaine sur le traitement de la dent immature chez l’enfant avec l’analyse de l’étude « Tomographic evaluation of apexogenesis with human treated dentin matrix in young permanent molars” (Shanady et al., 2025, BMC Oral Health).

Le hTDM (human Treated Dentin Matrix) est fabriqué à partir de prémolaires humaines saines extraites pour raisons orthodontiques. Après nettoyage, la dentine est découpée, débarrassée des tissus mous, puis partiellement déminéralisée avec des solutions d’EDTA pour exposer les tubuli dentinaires et libérer les facteurs de croissance. Les blocs sont ensuite broyés en une poudre fine (200–450 µm), puis stérilisés par irradiation gamma. Cette poudre est incorporée à un gel d’alginate de sodium et de glycérine, gélifié avec du chlorure de calcium, pour former un hydrogel injectable

La méthodologie de cette étude, un essai clinique randomisé de type split-mouth, est robuste car elle permet une comparaison directe entre deux matériaux (hTDM et MTA) chez le même patient, éliminant ainsi les biais liés aux différences individuelles (âge, hygiène orale, santé générale). La sélection précise des dents immatures cariées et l’utilisation d’évaluations cliniques régulières (3, 6, 12, 18 mois), ainsi que la tomographie CBCT, assurent un suivi rigoureux des résultats. Cependant, la taille d’échantillon relativement modeste (20 enfants, 40 dents) limite la portée statistique, et l’absence d’une évaluation histologique in vivo ne permet pas de confirmer complètement les mécanismes biologiques observés.

Les résultats montrent que le hTDM et le MTA présentent tous deux un succès clinique de 100 %, avec une formation radiculaire continue des dents immatures traitées. L’analyse tomographique révèle une légère supériorité du hTDM sur le MTA concernant l’augmentation de la longueur des racines mésiales et la réduction significative du diamètre du foramen apical mésial après 18 mois. Cependant, aucune différence statistique notable n’est observée entre les deux matériaux pour la racine distale ni pour la surface du foramen apical. Ainsi, le hTDM apparaît au moins aussi efficace que le MTA, avec des résultats légèrement meilleurs dans certains critères anatomiques clés.

Le hTDM est prometteur non seulement grâce à ses qualités biologiques (riche en facteurs de croissance naturels), mais aussi pour son coût réduit par rapport au MTA. Malgré une préparation initiale complexe, la quantité produite permet de traiter plusieurs dents, abaissant ainsi le coût par traitement, contrairement au MTA, souvent cher et à usage unique. Cette économie potentielle facilite une utilisation clinique plus large du hTDM.

Les limites de l’étude résident principalement dans la taille réduite de l’échantillon (seulement 20 enfants, 40 dents), qui restreint la portée statistique des résultats. De plus, l’absence d’évaluation histologique in vivo empêche la validation complète des mécanismes biologiques impliqués dans la régénération pulpo-dentinaire observée. Enfin, la préparation complexe et chronophage du hTDM, ainsi que la nécessité de le produire régulièrement pour garantir son efficacité biologique, constituent des obstacles pratiques à son utilisation clinique immédiate.
🎯 Conclusion
La quête d’un biomatériau pulpaire ayant une meilleure action biocellulaire que nos ciments hydrauliques de silicate de calcium actuel se poursuit, espérant l’induction d’une régénération et non plus d’une réparation tissulaire.
Le hTDM hydrogel est une alternative prometteuse au MTA pour la pulpotomie des molaires permanentes immatures cariées chez l’enfant. Il montre des résultats comparables, voire légèrement supérieurs en termes d’apexogenèse.
Reste le plus dur, convaincre un industriel d’investir dans ce procédé afin que cela puisse arriver un jour dans nos cabinets.
Bonne semaine a tous
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