Vous êtes face à une pulpe exposée lors d’un curetage carieux profond. Le diagnostic est clair : pulpite réversible. Mais la question reste entière : coiffage pulpaire direct (CPD) ou pulpotomie partielle (PP) ?
C’est le dilemme des praticiens lors d’une effraction : jusqu’où aller pour préserver la vitalité pulpaire ?
Faut-il se contenter de poser un biomatériau sur une effraction à minima, ou retirer quelques millimètres supplémentaires de tissu pour plus de sécurité ?

Une équipe (Taha et al., 2025) a voulu trancher la question, avec un essai clinique randomisé sur 140 dents, en comparant CPD et PP chez des patients atteints de pulpite réversible.
💡 Ce que l’étude nous apprend :
- Après 12 mois, la PP affiche un léger avantage (91,5 % de succès) sur le CPD (81,3 %), mais sans différence statistiquement significative.
- Dans les deux cas, la douleur chute dès la première semaine et la satisfaction des patients est excellente.
- Aucun facteur comme la taille de l’exposition, la profondeur carieuse ou la durée d’hémostase n’a réellement influencé les résultats.
🎯 Donc… quelle décision prendre ?
L’étude nous rassure : les deux options sont valables, à condition de respecter des critères précis lors de l’évaluation clinique :
➡️ Diagnostic fiable de pulpite réversible. On prend le temps d’évaluer le stade d’inflammation pulpaire avant de dégainer la fraise. Si la pulpite est jugée sévère ou irréversible, un CPD ne sera pas envisagé.
➡️ Intégrité des tissus pulpaires confirmée visuellement. Les aides optiques sont fortement recommandés. Il faut prendre le temps de sonder la zone d’effraction, à la recherche d’une couche nécrotique sous jacente. Si c’est le cas, il faut réaliser éliminer cette zone avec un coup de fraise, nous amenant à réaliser une pulpotomie partielle si elle est profonde. De plus, si la dentine autour de l’effraction n’est pas de la dentine dure saine, il faut agrandir le curetage, quitte à aller réaliser une pulpotomie partielle afin de retrouver des limites saines.
➡️ Hémostase obtenue rapidement (≤8 minutes). Voire instantanément de manière mécanique. Si le tissu pulpaire n’est pas inflammé, l’hémostase peut être obtenue instantanée à l’aide d’une fraise CeraBur (Komet) à basse vitesse. Si le tissu est hémorragique lors de l’effraction pulpaire, la compression à l’aide d’une boulette de coton imbibée d’hypochlorite de sodium peut permettre d’obtenir une hémostase mais l’élimination de 1 ou 2 mm de tissu pulpaire est souvent très efficace pour retrouver le tissu sain sous jacent et une hémostase immédiate. On réalise alors une pulpotomie partielle.
➡️ Utilisation d’un biomatériau moderne (ici NeoPUTTY MTA) de type silicate de calcium. On oublie l’hydroxyde de calcium. Il existe de nos jours plusieurs type de ciment biocéramique qui permettent de réaliser l’obturation définitive dans la même séance, comme décrit dans cette étude. Vous retrouverez des vidéos sur le chaine Youtube Endolight ou dans les autres articles du blog.
▶️ La conclusion :
« Ne laissez pas le doute vous paralyser : le choix entre DPC et PP dépend avant tout de l’état de la pulpe au moment de l’intervention. Évaluez soigneusement, maîtrisez l’hémostase, et faites confiance à votre jugement clinique. Les deux techniques ont montré leur efficacité dans ces conditions. »
Référence :
Taha N.A. et al. Carious pulp exposure in mature teeth with reversible pulpitis: a randomized clinical trial of direct pulp capping and partial pulpotomy, J Endod, 2025. DOI:10.1016/j.joen.2025.06.019